Le pyjama a-t-il encore sa place dans notre vestiaire d'intérieur ?
“Les dents, pyjama, et au lit !”
Si je vous dis “pyjama”, c’est à ça que vous pensez en premier non ?
A un vêtement que vous n’êtes plus obligé de porter depuis que vous avez neuf ans, et que votre maman n’est plus là pour s’assurer de votre hygiène dentaire ?
Ou peut-être que vous pensez à un vieil homme du siècle dernier, qui dort avec un bonnet de nuit ?
Eh bien oui, un pyjama c’est ça. Ou plutôt, c’était ça.
Car l’utilisation du pyjama a évolué, et son style avec.
Mettons-nous d’accord : qu’est-ce qu’un pyjama ?
La première chose à comprendre, c’est que le pyjama est petit à petit passé de “vêtement de lit” à “vêtement d’intérieur”.
Pour comprendre pourquoi, il faut rappeler quelques faits :
- Les générations précédentes chauffaient moins leurs intérieurs, et comptaient plus sur leurs vêtements pour rester au chaud. Y compris au lit !
- Notre rapport au corps a évolué au fil du siècle dernier.
- Il y a cent ans, la chemise était considérée comme un “sous-vêtement” qu’on ne montrait pas en public. Et on ne retirait pas non plus sa veste pour le dîner.
- Dans la même veine, dormir nu (ou presque) tel que nous sommes nombreux à le faire aujourd’hui n’était absolument pas dans les mœurs.
Combinez ces trois éléments, et vous comprendrez pourquoi le pyjama pour dormir est devenu beaucoup plus rare.
Il est loin d’avoir disparu pour autant : il s’est simplement transformé, et scindé en différentes catégories.
La version ancienne du pyjama, celle de nos grands-parents
La première, c’est celle du pyjama classique.
Un pyjama “classique” en soie, de chez Zimmerli. Ça peut avoir son charme, mais clairement… Ce n’est pas pour tous les goûts.
Il est composé par un ensemble combinant un bas, ainsi qu’une chemise au col plus ouvert, similaire aux cols cubains que l’on trouve sur de nombreuses chemises à manches courtes.
Pour les plus précieux d’entre eux, ces pyjamas sont en soie, dotés d’une ganse contrastante tout au long de la gorge, sur le bas des manches, les poches, le tour du col, ou encore l’ourlet de bas de pantalon.
La coupe est généralement ample et tombante, car les matières stretch ne sont pas d’usage à l’époque où ces modèles sont popularisés.
Le style est à la fois précieux, délicat, et nonchalant.
D’ailleurs, la conception de ces modèles les destinait avant tout à être portés au lit.
Pour être portés comme “vêtement d’intérieur”, ils s’agrémentaient souvent d’une robe de chambre, plus lourde et plus couvrante.
Même problème pour la robe de chambre. (Derek Rose)
Seuls les plus irréductibles classicistes du vêtement habillé semblent avoir conservé le goût de ce pyjama traditionnel.
Peu à peu, il a été associé à certaines connotations un peu désuètes, ou moqueuses : l’homme riche, l’homme de pouvoir, le vieux, le politicien, ou même le “playboy”...
Il s’est raréfié jusqu’à ce qu’on ne le trouve que dans les penderies de nos grands-parents, et sur le dos de leurs petits-enfants, pressés de s’en débarrasser dès qu’ils auraient leur mot à dire.
Mais en se raréfiant, le pyjama classique a laissé un vide : celui de la tenue à porter chez soi.
La version sportswear, son remplaçant informel
On avait beau s’être débarrassés du pyjama classique, il fallait bien que l’on porte quelque chose en rentrant chez soi.
Car après une longue journée de travail, de transports et de sueur…
Qui a envie de s’installer sur son canapé en portant un jean rigide, ou un pantalon de costume délicat, qu’on porte depuis plus de dix heures ?
Ca tombe bien, parce qu’au même moment, autour des années 90-2000, le sportswear se démocratise : hoodies, sweats, joggings, ou même survet’...
Les vêtements pensés pour le sport ont une obligation de confort, alors pourquoi ne pas s’en servir aussi pour se détendre chez soi ?
Si l’idée était bonne, elle a fini par amener tout un tas de dérives :
D’abord, on est en jogging pour se détendre sur le canapé…
Puis, on s’en sert aussi pour descendre les poubelles…
Puis pour aller chercher le pain…
Et un jour, on ne distingue plus la tenue de sport de la tenue d’intérieur.
“A quoi bon ?” se dit-on.
Et là, c’est le début de la fin…
Certains iront même jusqu’à garder cette même tenue, “jogging-hoodie-baskets” en toutes circonstances, du matin au soir, à chaque moment de leur vie à moins de passer sous la douche.
Trop, c’est trop !
“Sale”, “négligé”, “grossier”, “paresseux”, “mou”…
Autant d’adjectifs qui inscrivent le jogging, (et par extension le sportswear) dans l’imaginaire collectif comme “la tenue de la lose”.
Le grand couturier Karl Lagerfeld ira même jusqu’à dire un jour cette phrase cinglante, devenue culte :
Il était peut-être designer, mais ce cher Karl a loupé une carrière dans l’armée…
Parce qu’on peut dire qu’il tirait à balles réelles.
La version "sous-vêtements" pour dormir
Alors que le sportswear prenait le rôle (controversé) de vêtement d’intérieur, un phénomène similaire se produisait sous nos draps.
Parce que les couettes ont fini par remplacer les draps et les couvertures, et que nos foyers se sont vus de plus en plus chauffés : on dort en sous-vêtements.
Chez l’homme, ça veut dire concrètement :
Pour respectivement 58%, 26%,et 12% des français…
…Ainsi que 4% qui “ne savent pas” (ou ne veulent pas admettre qu’ils dorment nus), selon une étude de 2017.
Et pour faire la paire, un tee-shirt en guise de haut, à manches courtes, ou longues pour les plus frileux.
Et honnêtement ?
On à rien à redire à ça.
Tee-shirt + boxer, c’est un très bon combo pour dormir !
Le seul souci, c’est que comme pour le sportswear utilisé en guise de pyjama, les sous-vêtements que l’on met pour dormir sont souvent sortis “des fonds de tiroirs”.
Dans le meilleur des cas, c’est un vieux tee-shirt emprunté à quelqu’un d’autre, un peu grand mais en bon état. Dans le pire… N’en parlons pas.
Tee-shirt avec cette tâche de chocolat qui n’est jamais partie, boxer qui s’effiloche, caleçon trop grand, et même linge d’une propreté parfois ambiguë…
Allez, je suis sympa, je m’arrête là pour préserver notre dignité à tous.
Le problème, c’est que plutôt que de posséder des vêtements conçus pour, on relègue ce rôle aux vêtements que l’on serait presque prêts à jeter.
Et c’est dommage.
Pour la simple et bonne raison que vous allez passer près d’⅓ de votre vie à dormir.
Ça peut valoir le coup d’améliorer un peu le bien-être de ces moments, non ?
Et que la première image que vous aurez de vous en sortant du lit, c’est celle d’un type dans un tee blanc ayant viré au gris, et un slip décoré du symbole de l’homme chauve-souris…
Notre vision du pyjama : un élément essentiel du vestiaire d'intérieur
Une fois qu’on a posé tous ces constats, il devient évident que le pyjama a besoin d’un second souffle, d’une redéfinition.
Et c’est précisément ce que nous nous appliquons à faire chez Talc.
Voilà comment on s’y est pris…
Le “homewear”, synthèse entre l’ancien et le moderne
Pour créer les pyjamas de notre ère, il faut d’abord comprendre :
- Ce qui marchait dans les pyjamas classiques, et ce qui les a relégués au placard.
- Ce qui a séduit dans le sportswear confort, et ce qui cause sa mauvaise réputation.
Il faut aussi garder en tête que nos clients peuvent avoir des goûts ou même un passé de vie qui fera plus pencher la balance pour l’un ou pour l’autre.
On s’est donc appliqués à repenser les modèles de ces deux écoles du homewear, terme sous lequel se retrouvent aujourd’hui rangés tous les vêtements d’intérieur.
Anoblir le sportswear
Comment réhabiliter le bon vieux combo “jogging-hoodie” en tant que vêtement pour chez soi, mais lui retirer la fameuse connotation de “défaite” que lui a collée Karl ?
On va capitaliser sur sa force évidente, qui est son confort inégalé, tout en améliorant ce qui lui fait souvent défaut : le design.
D’abord, la matière
Sweatpant comme sweatshirt doivent être réalisés dans un molleton moelleux, doux, et souple.
Notre hoodie Cravan et sweatpants Vivant sont en mélange Tencel Lyocell (67%) et coton organique (33%). Un mix qui lui confère souplesse et douceur.
Les coloris ont leur importance : évidemment, les intemporels comme le navy, l’écru ou le noir peuvent marcher mais…
Si l’on veut que la douceur de la pièce s’impose au regard autant qu’au toucher, il n’y a rien de tel qu’un beau molleton gris chiné.
Un chiné subtil, pas trop fort en contraste, et un gris plutôt clair, pour un rendu qui vous évoque un petit nuage.
Puis les détails
Un des “péchés” que commet le jogging utilisé comme pyjama, c’est de ne pas savoir se distancier de l’univers du sport.
Pour corriger cette erreur, nous jouons par exemple sur des bords-côtes totalement unis, à la ceinture comme en bas de jambe.
Plus moelleux, plus discrets, plus minimalistes que les détails contrastants coutumiers des tenues de sport, ils ne brisent pas l’harmonie visuelle.
Parce que le calme, on le trouve aussi là où se repose notre regard.
Et enfin, la coupe
L’avantage d’un molleton bien choisi, c’est que c’est si souple que l’on peut se permettre d’ajuster un peu les coupes sans compromettre le confort.
Pas de jogging trop lâche ou tombant, mais pas un truc qui vous colle à la peau non plus : on prend une cuisse avec un volume confortable, et on fuselle délicatement la ligne de jambe jusqu’à la cheville.
Epurer le pyjama classique
Maintenant que nous avons fait l’exercice pour le sportswear, on peut appliquer la même démarche au pyjama classique.
Ses points forts :
- L’ensemble inspiré du pantalon et de la chemise donne l’air plus “habillé” que le jogging et le sweat. Le pyjama a un certain tombé, on peut le porter devant nos proches en gardant une certaine “maîtrise” de son image.
- Il se déboutonne en haut, ce qui permet de s’adapter aux températures, en enfilant différentes couches par exemple.
Y’a pas à dire, ce col de chemise “étendu”, ça flatte le visage !
Ses points faibles :
- Fragile, à cause de la soie.
- Un peu prétentieux, toujours à cause de la soie (ça brille et c’est cher).
- Un peu désuet.
Même si j’aime personnellement les ganse contrastées des pyjamas vintage, il faut admettre que l’esthétique date d’un autre temps.
Choisir le tissu
Clairement, c’est le plus gros problème du homewear d’antan : la soie est trop statutaire.
Trop précieuse, trop fragile, trop rare.
Trop synonyme d’une certaine d’aristocratie passée.
Et par ailleurs, elle est difficile d’entretien.
Cependant, ce pyjama doit conserver une matière plutôt noble pour faire honneur à son héritage classique.
Quelque chose de doux, enveloppant, mais tout de même plus robuste, et moins tape-à-l'œil.
Quoi de mieux pour cela qu’une flanelle ?
Obtenue en ponçant délicatement la surface d’un tissu, la flanelle coche toutes les cases : elle est douce, elle a une tenue et un tombé qui répondent bien aux formes de pantalons et de chemises, et tient dans le temps.
Son seul inconvénient est que cette douceur s’accompagne parfois d’une certaine chaleur : l’effet “peau de pêche” du tissu emprisonne l’air au contact de votre corps.
C’est très agréable en hiver, mais ça peut devenir un peu chaud en été.
La solution selon nous, c’est de mêler la main naturelle du coton aux propriétés respirantes et thermorégulatrices du Tencel Lyocell.
Le bon équilibre pour nous sur cette pièce, c’est moitié-moitié : 52% de coton organique, et 48% de Tencel Lyocell.
La question de la couleur
Les pyjamas classiques, avant, vous en trouverez de toutes les couleurs : rouge écarlate, vert satiné, bleu nuit… Et parfois même dans des motifs anciens assez audacieux, comme le paisley.
Pour prendre le contrepied à ça, nous avons fait le choix des deux couleurs les plus minimalistes, et les plus simples qui soient…
Le noir, et le blanc !
Certains vous diront même que techniquement, ce ne sont même pas des “couleurs” à proprement parler.
Sorties de tout contexte, elles n’ont ni connotation, ni préférences en matière d’harmonie. Et c’est parfait.
Car nous voulions que la matière et la forme s’expriment avec le plus de simplicité possible.
Les derniers détails
Pour finir de revisiter cet ensemble, nous avons évidemment fait l’impasse sur les ganses contrastées, trop clivantes.
Par contre, on ne s’est pas privés de beaux boutons en nacre blanche, qui soulignent humblement la qualité du produit.
Et côté coupe, un pyjama doit rester un pyjama : même si l’allure est plus ajustée que celle du siècle dernier, on garde des volumes confortables pour les bas de pyjama, et des épaules légèrement tombantes pour la liberté de mouvement.
Chemise et pantalon d’intérieur Aragon et Missak.
Le pyjama “néo-classique” pour homme et pour femme selon TALC.
Et pour dormir ?
Vous avez deux choix.
Option 1 : “je rêve léger”
Le premier choix, c’est de rester sur le même type de sous-vêtements que ceux que vous portez hors du lit, à savoir boxer ou slip, et tee-shirt.
Auquel cas, on propose des sous-vêtements focalisés sur quelques critères simples :
- La douceur de la matière, comme en utilisant des cotons aux fibres plus raffinées.
- La respirabilité, en y ajoutant par exemple des fibres innovantes comme le Tencel. Vous devez vous y sentir bien en hiver comme en été !
- Des designs qui évoquent le calme et le confort, tant par la pureté des coupes que par le choix de couleurs simples et harmonieuses.
Caleçons Martini, en coton 100% Supima. Parfois, il ne faut rien de plus que ça !
Evidemment, faire des choses “simples” ne veut pas forcément dire que c’est “facile à faire”.
Pour avoir de vrais sous-vêtements de nuit dédiés, il faut parfois faire l’effort d’une qualité plus haute que celle qu’on attendrait de nos tee-shirts du quotidien.
Option 2 : dormir dans un cocon
Le deuxième est destiné à ceux qui veulent se sentir plus enveloppés.
Que ce soit par préférence tactile ou par besoin de chaleur, on porte quelque chose de plus long en bas : un pantalon en jersey fin.
Vous aurez le sentiment enveloppant d’un bas d’intérieur, mais la finesse et la respirabilité de la matière le rendent idéal sous la couette.
Notre ensemble léger et douillet : le haut Sagace à manches longues (ou le Rimbo manches courtes), et le bas Sade, souple et léger.
Pour plus de chaleur sur le haut, vous pouvez opter pour des manches longues plutôt que courtes.
On y a d’ailleurs ajouté notre touche perso sur le haut Sagace : un bord-côte léger en bas de manche, pour qu’elle ne remonte pas sur vos bras en bougeant dans votre sommeil.
Eh oui, chaque détail compte !
Un mot sur notre qualité
Chez Talc, nous prenons aussi le parti d’une confection plus raisonnée, réalisée au Portugal, et de fibres plus traçables, comme le Tencel de chez Lenzing, ou des cotons organiques et Supima, certifiés Oeko-Tex.
C’est d’ailleurs vrai pour tous nos ensembles, du sweatshirt à la chemise, en passant par le bas de jogging et le tee-shirt !
Nicolo Minchillo, plume pour Talc.
Découvrir nos ensembles de pyjama:
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